Le Fox Terrier : deux races mais une volonté sans faille !

Venu d’Angleterre, où il s’était spécialisé dans la chasse au renard, d’où son nom, le Fox-Terrier a gagné le monde, où ses aptitudes sur le terrain ont fait le reste. Certes, pendant les soixante premières années du siècle dernier, il représentait l’archétype du Terrier, compagnon et chasseur, poil lisse ou poil dur, prenant peu de place avec son gabarit réduit, mais beaucoup plus avec son tempérament vif et sûr de lui. Puis l’offre de la planète Terrier s’est étoffée et la concurrence lui a joué des tours, je pense à ses cousins Jack et Parsons qui lui ont, il faut bien le dire, volé la vedette.

Chasseur pluridisciplinaire :

Si la Vénerie sous terre est sa spécialité, il est également performant « sur terre » où rien ne l’arrête, pas même la « bête noire » qu’il chasse avec un entrain et une hargne de tout premier ordre. Il fait partie des rares Terriers d’excellente compagnie qui ont généralement conservé leurs qualités de chasseur et un caractère ad hoc. Certes, si le canapé et les rings d’exposition demeurent familiers à la plus importante partie du cheptel actuel, il demeure des amateurs éclairés qui sélectionnent jalousement leurs élèves dans un but unique et exclusif : la chasse, sous terre et sur terre

En solo ou en meute, le Fox Terrier demeure un sacré chasseur auquel rien ne fait peur, et en particulier chez le poil dur, cela peut devenir « dangereux » lorsqu’il se retrouve face à un blaireau acculé au fond du terrier. L’endroit de la morsure infligée par le Fox renseigne son conducteur sur le caractère de son compagnon.

Au fil des années, ce Terrier a su s’adapter à différents types de chasse, grâce aussi à un sérieux et un retour d’expérience obligatoires de l’autre côté de la laisse.

Point de vue du Président :

La sélection du Fox-Terrier est gérée dans l’hexagone par la RAF (Réunion des Amateurs de Fox Terrier). Son président, Antoine Calais nous précise son point de vue sur l’utilisation du Fox : « Le Fox-Terrier est avant toute chose, un chasseur. De nombreux chasseurs choisissent le Fox-Terrier pour les accompagner à la chasse, en particulier sous terre, en vue du déterrage des blaireaux et renards, dans le but d’assurer une régulation de ces espèces envahissantes. Le ragondin est quant à lui considéré comme nuisible et sa chasse est pratiquée en vue de son extermination. Le Fox-Terrier est aussi très prisé pour la chasse sur terre, en particulier pour le sanglier. Le Fox-Terrier, qu’il soit à poil dur ou à poil lisse a une morphologie athlétique qui lui permet une poursuite rapide et efficace sur terre. Il s’impose également avec cette voix puissante qu’il émet lors d’un ferme sur un animal baugé ou lors de la poursuite de l’animal qu’il aura lancé. Sous terre, l’intensité de la voix obligera l’animal chassé à se réfugier dans un accul et permettra au déterreur de localiser le chien et de creuser au bon endroit pour capturer l’animal de chasse (renard, blaireau ou ragondin). Une grande qualité chez le Fox est sa ténacité, sa rapidité dans la poursuite, tout en restant prudent, en évitant la prise que ce soit sur ou sous terre, contrairement à d’autres races de Terriers qui essaient systématiquement de prendre. En effet s’il y a prise, en particulier sous terre, la voix s’éteint (il est difficile pour un chien d’aboyer la gueule pleine) et il sera compliqué dans ce cas de localiser le chien et donc l’animal de chasse. Toutes ces qualités sont innées chez le Fox-Terrier, mais la prudence s’acquiert au cours de l’entrainement au terrier artificiel ou en parc fermé pour le « broussaillage ». La persévérance est aussi une grande qualité chez le Fox-Terrier. Il n’est pas rare qu’un Fox reste au ferme lors d’un accul pendant plusieurs heures dans un terrier profond et difficile. Nous pouvons faire confiance à un Fox-Terrier qui donne de la voix, il est rarement menteur, c’est une qualité essentielle pour la vénerie sous terre et la traque des grands animaux ».

Malvau, une histoire de famille de près d’un siècle :

Parler du Fox-Terrier, c’est inévitablement évoquer la saga familiale d’une sélection incontournable depuis des générations. Celle de Francine Guerlain (de la famille du célèbre parfumeur intégré dans le Groupe LVMH aujourd’hui), qui, devint Francine Soudée fondatrice de la sélection de Malvau spécialisée dans le Fox-Terrier à poil lisse : cette grande et belle femme devint la première des Lieutenant de Louveterie, une passion héritée de son grand père, qui élevait des « poil dur ». Elle devint également le porte-drapeau de la sélection du beau et bon Fox-Terrier à la tête de la RAF (Réunion des Amateurs de Fox-Terrier). Le cœur de la famille se trouvait en orée de la forêt de Rambouillet dans le Domaine des Mesnuls. Sa fille, Guilhème devenue Herbet puis Pelissier assurera la continuité de la sélection De Malvau, ainsi que de l’équipage « Chope la vilaine bête » fondée par Francine Soudée, sans oublier la passion familiale plus que centenaire pour le « Selle français ». Un fils de Guilhème, deviendra, entre autres, Président de l’Association des Déterreurs (AFD) fondée par sa grand-mère, et de l’Association Français des Equipages de Vénerie Sous Terre (AFEVST). Il assurera également la pérennité de la sélection De Malvau reprise depuis quelques années par sa fille Alexandrine.

Alexandrine Poisson née Hermet nous fait partager sa vision du Fox-Terrier : « Dans la race, je dirais que le Fox poil dur et le Fox-Terrier poil lisse sont deux chiens très différents. Pour choisir le bon Fox il me semble qu'il faille tenir compte de son et de votre caractère ! Le poil dur est un chien tout aussi affectueux que le poil lisse mais bien plus indépendant. Il chassera différemment que le poil lisse car il prendra plus position dans une battue. Effectivement le poil dur aime chasser en meute et pour lui. A mon sens, il a plus d'allant et disparaitra bien plus longtemps qu'un poil lisse. Il est aussi "plus chaud" et tient moins compte de son propriétaire. Le poil lisse chassera pour vous, et par mon expérience, ce n'est pas le style de chien à partir chasser seul. Il aimera profondément chasser avec vous et il sera bien utile quand tous les chiens de la battue seront partis. Il aime chasser sa voie et emmener son animal au bout. En vénerie sous terre la différence est moins flagrante et ils sont tout aussi courageux pour affronter la rudesse d'une chasse sous terre. Ayant les deux poils dans mon élevage, j'avoue ne pas voir souvent mes poil dur pendant la chasse et essaye de mémoriser la dernière fois que je les ai vus... Je partage plus de souvenirs de fermes et de de menées d'animaux avec mes poil lisse qui chassent avec moi. D'autres diront qu'ils restent dans nos pattes.... Encore une fois, le chien ressemble à son maitre et chacun appréciera les qualités que la race peu offrir avec ses deux poils !! »

Chasse sous terre :

Une spécialité « à part » qui est gérée par l’AFEVST (Association français des Equipages de Vénerie Sous Terre) est la chasse sous terre du renard et du blaireau. Deux nuisibles pour lesquels le Fox-Terrier est particulièrement indiqué. Sur les 34 races de Terriers reconnues actuellement, le Fox et quelques autres comme le Jagd Terrier, le Jack et le Parson sont recommandés. Certes, parfois, des sujets comme le Border, le Cairn et le Welsh sont utilisés mais beaucoup plus rarement. En ouverture de sa Charte que chaque équipage doit signer et bien entendu respecter, l’AFEVST précise : « La chasse sous terre ou vènerie sous terre, par son origine, ses traditions et les races de chiens qu’elle utilise, appartient au patrimoine cynégétique français. Renards et blaireaux, animaux de déterrage, sont des espèces indispensables à un bon équilibre de la nature et nous entendons qu’elles soient préservées. Le Maître d’équipage soussigné est conscient du rôle qu’il a à jouer dans la communauté des chasseurs, auprès du monde agricole et auprès des gestionnaires d’infrastructures ».

La Chasse sous terre est devenue une spécialité de la famille Besnault où trois générations travaillent de concert face à la bête de prédilection : le blaireau. L’équipage Beauséjour, installé en Indre et Loire à Chambon, a été fondé en 1995 - bientôt 30 ans déjà ! Il a débuté avec des Fox à poil dur « sans papier ». Puis tout est rentré dans l’ordre avec le livre d’attente. La Vénerie sous terre est devenue une passion impérieuse dans la famille qui « sort » toute l’année. De la lice Elite acquise en 1989, la famille Besnault a conduit une sélection de vénerie sous terre qui a porté ses fruits. Si les qualités chasse sont primordiales, le comportement en meute, le calme dans le chenil et une très bonne sociabilité sont devenus déterminants dans le choix des futurs reproducteurs. Pour Laurent Besnault, un Fox se doit d’être bien construit, proche de son maître, et bien entendu, malin et courageux au travail. La patience doit également être un moteur, car lorsque l’équipage creuse la galerie, il faut parfois des heures avant que celle-ci ne soit « ouverte ». La tenue à l’accul est primordiale pour aller au bout d’une chasse sous terre. Si ragondins et autres renards figurent au menu des sorties et entrainements, l’animal recherché par-dessus-tout est le blaireau, aussi beau, imprévisible que dangereux. La chasse sous terre est très particulière et demande du temps pour faire l’acquisition des « bonnes manières » et des « bons réflexes ». Cela reste également une excellente méthode de régulation de certaines populations.

Le renard mais pas que !

Si son nom rappelle ce pour quoi il a été initialement sélectionné, la diversité des chasses auxquelles il participe aujourd’hui est incroyable. Et dans toutes les régions de France, les chenils comptent soit exclusivement soit en appoint des Fox. Quand vous examinez un Fox-Terrier en statique, il se dégage une harmonie évoquant le hunter, le fameux cheval utilisé par les Britanniques pour chasser le renard et pour la chasse à courre Outre-Manche (qui est interdite depuis 2005).

Ses qualités anatomiques lui permettent d’évoluer dans différentes disciplines. Le club de race, RAF, organise tout au long de l’année des épreuves dans différents domaines : TA (Terrier Artificiel), TN (Terrier Naturel), épreuves de « broussaillage » sur ongulés, épreuves de « broussaillage » sur petits gibiers, épreuves de sélection. Si les meilleurs peuvent homologuer un titre de Champion de Travail, cela permet globalement de confirmer que les sujets très typés, peuvent également évoluer avec brio dans des disciplines pour lesquelles ils ont été sélectionnés.

Un homme installé près de la forêt de Tronçais dans l’Allier a consacré sa vie au Fox-Terrier à poil lisse et à la chasse sur terre. Il s’agit de Daniel Bonnet installé à Ygrande (03), qui a produit des sujets à la fois champions de beauté et champions de travail. Il a beaucoup chassé avec ses « poil lisse », le biotope autour de chez lui étant très riche et varié. Il n’hésitait pas à sortir avec des Teckels à poil dur et des Basset Griffons Vendéens, aux côtés de ses Fox. Il avait débuté dans les années 60, sur des souches De Malvau accouplées à des étalons importés. Il a ainsi créé une sélection reconnue pour répondre parfaitement à l’adage du « beau et bon » et près de 50 années de sélection.

Point de vue du juge

Fabrice Mercier est Juge d’utilisation pour le 3ème groupe et utilisateur de Fox poil dur à la chasse sur terre. Il nous explique sa vision du Fox en « broussaillage » ainsi que sa propre pratique de la discipline :

Quel type de travail recherche un juge en épreuve de « broussaillage » sur ongulés ?

« La quête doit être dynamique avec une bonne amplitude (entre 50 et 100 mètres) et le travail doit être persistant. Le chien doit être autonome, en aucun cas le conducteur ne doit effectuer le travail à la place du chien. Le chien ne doit pas refuser les ronces ni les épines. Lorsqu’il aura trouvé une voie il devra la remonter rapidement pour arriver au contact des animaux, les récris sur la voie chaude sont possibles mais pas obligatoires. Arrivé au contact des animaux de chasse le chien doit les harceler pour les mettre en mouvement, la prise n’est pas recherchée, il faut un chien tenace mais non agressif avec le gibier. Une fois l’animal lancé la poursuite doit être suffisamment longue (au moins 500 mètres) afin de faire sauter la ligne de tireurs, elle doit être très criante. Le chien ne peut en aucun cas avoir peur des coups de feu. Une fois le travail terminé le chien doit revenir rapidement au conducteur lorsque celui-ci le rappelle, en aucun cas celui-ci ne peut être pénalisé s’il est en action de chasse. »

Quel type de travail je recherche avec mes chiens lorsque je chasse ?

« Chassant dans le Haut Jura avec de forts dénivelés, je recherche des chiens avec une quête beaucoup plus autonome et avec une amplitude plus élevée que celle recherchée en épreuve (200 à 300 mètres). Il est préférable que les chiens se récrient sur la voie chaude, afin de déterminer par la différence de voix l’animal qui est chassé. Mes chiens doivent avoir assez de caractère pour permettre de lancer des sangliers seuls, mais sans agressivité envers leurs congénères (ils chassent avec des chiens courants). La poursuite doit être également plus longue qu’en épreuve, il faut pousser les animaux dans les couloirs pour qu’ils puissent être tirés par les postés (entre 800m et 1km, parfois plus sur les sangliers). Je recherche des chiens qui reprennent la quête dès qu’ils ont perdu l’animal, la quête ne doit pas s’arrêter pendant la traque qui dure environ 3h00. Mes chiens doivent être capables de reprendre leurs pieds pour rentrer seuls, il y a des secteurs où ne nous pouvons pas aller les chercher. »