« Il y a peu à dire sur moi, je vous présente donc Jerry du domaine de l’Espitalet. Mon copain Jerry est le point de départ de ma passion pour cette race pétrie de qualités.
Il était mon premier chien d’arrêt et avec le recul mon premier Grand chien, il a su m’apprendre à moi le chasseur de gibiers d’eau tout le bonheur de chasser avec son chien et dans ces dernières années la jubilation de chasser pour son chien.
Jerry m’a guidé dans ma recherche de la bécasse et me l’a apprise, fantastique trouveur, débordant de passion et infatigable, grand preneur de point sachant contourner la belle et l’aboyer au besoin et, cerise sur le gâteau, retriever hors-pair.
Notre première sortie, en février 1995, reste gravée dans ma mémoire. Nous voilà à pied d’oeuvre après 1 heure de route et 1/4 d’heure de piste dans un bois inconnu à la recherche d’un gibier encore plus inconnu. Je suis très vigilant sur les réactions de Jerry car nous avons fait juste connaissance il y a une dizaine de jours.
Muni de sa cloche, nous quittons la patte d’oie où nous avons laissé la voiture en prenant un chemin forestier, la pente est douce puis plus soutenue après environ 200 mètres. Jerry part et quête à environ une soixantaine de mètres (on dirait qu’il a fait cela depuis son plus jeune âge à droite, à gauche, en haut, en bas, heureusement que j’avais lu qu’il fallait une cloche pour la bécasse), il part sur ma gauche dans un bois de hêtres avec des buis dessous, je l’entends mais ne le vois plus. La tête ailleurs, pensant à lui qui a l’air de se débrouiller à la recherche d’un oiseau hypothétique dans un lieu inconnu, puis sortant de mes pensées, je me rends compte que la cloche ne résonne plus à mes oreilles. Je pense immédiatement que Jerry a fi lé (angoisse), je le rappelle rien, cherche le sifflet, siffle et toujours pas de Jerry ; sur ma gauche, un grand fracas, un oiseau gicle entre les arbres, monte en cime des hêtres, descend comme une balle sur moi ; comme dans un rêve, j’entends la cloche, lève le fusil, tire, l’oiseau chute en contrebas à une quinzaine de mètres, Jerry déboule à fond, saute le chemin, disparaît dessous et la cloche s’arrête. Je n’ai rien compris, tout à l’instinct. Je cours vers le point de chute (tout cela me semble incroyable et irréel) traverse quelques buis et trouve mon Jerry à l’arrêt le regard fixe, devant lui un oiseau qui gît sur le dos, je m’en saisis, le fait sentir à Jerry. J’embrasse mon chien fou de joie. Sortant de mon état d’excitation, je revois la scène et analyse que le chien était à l’arrêt, a retrouvé l’oiseau et que ma première bécasse est là, je m’assois, prends mon chien dans les bras et l’embrasse sur le sommet de sa tête (nombres d’exploits et d’embrassades suivront tout au long de sa trop courte existence). Je prends le temps de regarder cet oiseau que je ne connais pas, lui lisse les plumes, la détaille encore avant de la faire disparaître dans la poche de ma veste… »
Le braque français : un bécassier surdoué.
Comment caractériser le Braque français pour un bécassier ? Les Braques français Pyrénées et Gascogne sont une même et seule race scindée en deux types se différenciant essentiellement par leur morphologie. Le premier, n’excédant pas 58 centimètres au garrot, est un galopeur, le second, plus grand, est qualifié de trotteur-galopeur avec une ossature plus conséquente et des tissus plus lâches. Sa taille varie entre 58 et 69 centimètres. Ceci est un atout de notre race d’avoir deux types. Les qualités de chasse de l’un et de l’autre ne sont plus à démontrer et le choix du chasseur reste une question de goût personnel.
En quoi le Braque Français est-il différent des autres chiens continentaux ?
Le braque français n’est pas fondamentalement différent des autres chiens continentaux. Chaque race a ses propres caractéristiques morphologiques et ses propres qualités à la chasse à la bécasse.
En ce qui concerne notre braque français, il bénéficie aujourd’hui d’un gros travail effectué au niveau de la sélection. En dehors de la sélection morphologique nécessaire car le beau ne peut être dissocié du bon, nous avons axé le travail sur les qualités de nez et de mental. Nos chiens dans leurs deux types ont cette passion qui leur permet même quand le gibier est rare de chasser avec cette fougue qui fait qu’ils sont encore capables enfin de sortie d’aller trouver une belle là où beaucoup d’autres auraient déjà renoncé.
Le résultat en fait maintenant un chien reconnu sur tout le circuit des fields trials, qu’ils soient sur gibier naturel, sauvage, automne comme en printemps.
C’est un chien calme, doux et très équilibré, ce qui lui permet d’avoir une utilisation « facile » à la chasse. Docile à la maison et passionné sur le terrain, c’est un chien qui ne recule devant rien y compris les territoires denses et fourrés ou même les milieux humides.
Quelles différences notables avec les Anglais ?
Tout tient dans le contact avec le maître et dans la quête car dans les capacités à trouver l’oiseau, il n’y a pas grande différence.
L’intelligence sur le terrain, la lecture de ce dernier, la lecture de la place sont des problèmes d’individu et non de race. Par contre, le contact est un de nos points forts dans les deux types. Les capacités naturelles du rapport inné chez le braque français sont aussi très recherchées par les chasseurs de bécasses. Car, comme beaucoup le savent, elle sont de nos jours dans des tènements de plus en plus fermés.
Notre race présente une grande précocité dans tous les aspects et rapports avec la chasse.
Son point fort, c’est aussi cette complicité sur le terrain avec cette certitude d’avoir un auxiliaire qui chasse avec vous et pour vous.
Beaucoup de chasseurs viennent à nous car ils souhaitent réentendre les sonnailles tout en utilisant un chien gardant de l’avidité et une quête importante un peu moindre certes mais proche des britanniques. Pour nos chasseurs plus “sportifs”, il est possible de trouver dans des accouplements de chiens de compétition entre eux des sujets pouvant correspondre à leurs attentes.
Sont-ils complémentaires ?
Je vous parle des couples avec lesquels je chasse, Braque français et Setter anglais, c’est pour moi en terme d’efficacité un binôme fantastique avec deux races hyper complémentaires dans leur façon de chasser, avec une couverture de terrain optimale, avec cette sensation de garder plus de contact et de ne pas laisser d’éventuelles places non visitées. L’autre facette de cette complémentarité est liée au rapport qui souvent n’est pas l’apanage de nos cousins anglais. Le caractère de ces deux races est très proche et il permet donc une association naturelle.
Le dressage est-il indispensable pour chasser la bécasse avec un Braque Français ?
Comme le dit le proverbe : « Le Braque français est un chien qui naît dressé », cette formule répond à votre question.
A la vue des résultats affichés par le Braque français en field trial de gibier tiré, cette race montre toute son adaptabilité au dressage.
Né avec un arrêt réputé ferme et autoritaire, le tout accompagné d’un rapport inné comme précisé ci-dessus, on peut dire qu’une fois le chiot entre les mains de son maître ce dernier pourra valider toutes les étapes de son éducation avec en point d’orgue, une belle action de chasse, celle dont chacun de nous rêve !
A titre personnel, quels sont les fautes que vous n’acceptez pas de vos Braques français ?
Les fautes sur l’arrêt qui doit être ferme pour attendre que le chasseur vienne servir son oiseau en toute sérénité. L’intelligence sur le coulé qui doit lui permettre de verrouiller l’oiseau sans le faire fuir…
Que conseillez-vous à un bécassier de terrain qui souhaite se procurer un Braque français ?
En premier, je tiens à le féliciter de son choix.
Ensuite, et là il s’agit un élément essentiel, de bien choisir son chiot. De nombreux outils permettent aux futurs acquéreurs d’étudier toutes les informations concernant les parents. Les cotations sont accessibles. Il existe des géniteurs recommandés qui transmettent le meilleur de la race (chasse comme morphologie), il faut en profiter. Eviter à tout prix la “sélection facebook” et tous ses superlatifs, et surtout privilégier les sujets issus de chiens ayant un parcours de sélection officielle Field trial et Morphologie validé par la SCC. Avant de choisir un chiot sur les qualités d’un individu si « grand bécassier » soit-il, il est plus important de choisir une lignée de travail avec des gènes bien fixés et ensuite de former son chien de manière quasi exclusive sur cet oiseau. Sur le site du club (www.clubdubraquefrancais.com), de nombreuses informations sur les différents éleveurs ou éventuelles portées au niveau national sont mises à la disposition des personnes intéressées.
Les bécasses deviennent plus furtives, plus piéteuses, Le Braque français peut-il faire la différence sur ces oiseaux ?
Effectivement, c’est un comportement de plus en plus observé par les chasseurs de bécasses.
Mes interventions précédentes vous montrent bien que le braque français est armé pour contrer ces nouvelles dispositions défensives de la bécasse : une quête continentale qui permet au chasseur d’être rapidement sur le chien et minimiser le temps de réfl exion de l’oiseau bloqué.
Un galop rapide et un arrêt ferme et utile permettant d’arriver promptement sur l’oiseau et de le figer.
Un coulé autoritaire ne laissant à l’oiseau que peu de réflexion et de choix de fuite en dehors du camouflage.
Une des qualités principales de nos chiens est son efficacité à pister si cela est nécessaire et à démêler au mieux les ruses de ces bécasses très piéteuses.
Quelles sont les orientations prises par votre club pour le Braque français de demain ?
Le Club maintient son axe de travail en favorisant la santé et la morphologie par une sélection stricte des lices et des étalons eff açant le plus possible les éventuelles tares génétiques. Le travail sur la dysplasie en est l’exemple type. Il nous a permis de faire naître une quasi-totalité de chiens A et B.
Faire concourir un maximum de chiens sur le circuit, dans les différentes épreuves de travail qui sont la vitrine des chiens d’arrêt, pour démontrer la valeur de cette race et amener un maximum de chasseurs à choisir le Braque français pour compagnon de chasse.
Ensuite, continuer le travail effectué sur les capacités de chasse et la facilité à éduquer les chiens produits pour que le Braque français avec ses immenses qualités naturelles reste ce grand chien de chasse à la portée de tous.