Le chien avait pour fonction d’indiquer aux chasseurs par son arrêt couché la position précise de l’oiseau blotti.
D’ailleurs, le mot épagneul vient du vieux verbe français s’espeignir, voulant dire, se coucher, se plaquer au sol.
La chasse au faucon avec le chien d’arrêt était non seulement un loisir mais aussi un art qu’il fallait étudier dans les ouvrages spécifiques de l’époque, pour servir à l’éducation des jeunes princes. La lecture de ces ouvrages était une sorte de catéchisme en matière de chasse, aux dissertations morales et symboliques, dans lequel toutes les choses connues étaient passées en revue. Les chapitres sur cette fauconnerie sont véritablement didactiques, on apprend comment on doit former les faucons avec les chiens.
La véritable passion cynégétique des rois de France faisait qu’on devait conserver à la cour la fauconnerie et leurs chiens. De même pour toutes les lignées de seigneurs, surtout ceux de Bourgogne qui considéraient les chiens et les rapaces comme des instruments en grande faveur pour notre pays.
Le plus ancien document où il en soit fait mention se trouve dans le second concile de Mâcon en l’an 585, au chapitre intitulé « Des chiens et des éperviers que les évêques ne doivent pas nourrir ».
Cela prouve que c’était une monstruosité et un manque notoire de respect d’avoir des chiens et des éperviers, là où l’on devait chanter des cantiques à la gloire de Dieu.
Les évêques ne se contentaient pas de nourrir les rapaces dans le palais épiscopal, ils portaient aussi l’oiseau sur le poing ganté, comme un signe pour symboliser la suzeraineté.
Les chiens et les oiseaux rentraient dans les cathédrales. Sans chercher dans les documents religieux, on sait que la passion pour les chiens et les rapaces dominait aussi bien le clergé que les seigneurs laïques. Il est à noter, dès le début du Moyen-Âge, la farouche jalousie avec laquelle les ducs de Bourgogne entendaient se réserver le droit de chasse dans leurs forêts.
Les équipages d’épagneuls et de lévriers
La majorité des meutes de chiens des fauconniers était constituée d’équipages de quelques chiens. Par exemple, pour le roi de France Philippe III le Hardi, la fauconnerie se composait de 24 fauconniers et 12 aides de fauconniers, 24 valets de chiens par équipes de 6 valets d’épagneuls, 6 valets de petits chiens ainsi que d’autres valets de lévriers, 12 fourriers, 1 maître des déduits, 24 écuyers chevaucheurs, 120 hommes de livrée, 12 valets de rivière et 6 tondeurs d’oiseaux. Les épagneuls ne figuraient pas dans l’effectif des meutes de vénerie. Ils rentraient dans l’effectif de la fauconnerie et servaient uniquement à la chasse aux lapins et aux oiseaux comme le faisan et surtout la perdrix, la caille et parfois le héron.
On dénombre la plus importante quantité médiévale de fauconniers de 1365 à 1435.
Le plus illustre chasseur était appelé curieusement Philippe le Chien en 1365. Le plus connu des derniers fauconniers médiévaux était Elyoiz de Thoisy qui avait servi sous les ordres de Philippe le Bon et de Charles le Téméraire vers 1470, en tant que maître écuyer fauconnier et maître des tendues. Ce personnage avait sous ses ordres 3 fauconniers, 3 valets d’éperviers avec plusieurs chiens, 4 valets de faucons avec chiens et 4 valets de rivière.
Les chiens remplissaient le même rôle que nos chiens d’arrêt actuels. Ils quêtaient le gibier, l’arrêtaient mais le faisaient lever pour que les oiseaux de proie l’interceptent. « Nul ne peut exploicter d’esparnier sans chien bonnement » : cette phrase tirée d’un texte médiéval prouve que l’association du chien et du faucon était indispensable. Un valet de faucon s’occupait à la fois d’épagneuls et de lévriers puis de divers rapaces de haut ou de bas vol.
En 1374, le grainetier de Bourgogne avait fourni 10 mines de froment (soit environ 760 litres) pour la nourriture des chiens de fauconnerie de Monseigneur le duc de Bourgogne.
Le 3 octobre 1378, le duc était allé quérir de Châtillon à Chanceux un petit chien blanc qui est devenu par la suite son favori. Chaque seigneur avait son chien favori et tous ces chiens privilégiés étaient l’objet de la plus tendre sollicitude des ducs, qui faisaient même réciter des prières et brûler des cierges à leur intention. Aucune ordonnance sur la fauconnerie ne nous permet de donner des détails précis sur le personnel. Quant aux rapaces, leur nombre n’était pas fixé comme l’était le nombre des chiens.
Il nous faut nous contenter d’un certificat de paiement de sommes destinées aux tenues vestimentaires des fauconniers de tous les ordres de la fauconnerie en date du 24 juin 1395. La nourriture des oiseaux de proie était faite de viandes très variées. Les escrocs de l’hôtel du duc de Bourgogne ont porté en dépense le 13 août 1378, en une semaine, la quantité de 56 poulets crus lors du déplacement du Duc à Moillecon. Les poulets étaient remplacés souvent par des pigeons, des oies, des canards, du bœuf haché, des cœurs de porcs, de la viande de mouton mais paradoxalement aussi par des petits chats ou des chiots !