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Faites asseoir votre chien sur la plateforme et commandez-lui ‘’ASSIS’’. Placez-vous à 2 ou 3 mètres de lui, jetez un oiseau mort 8 ou 10 mètres devant lui, tirez un coup de pistolet en l’air. S’il part au coup de feu, envoyez une impulsion continue, commandez ‘’PAS BOUGER’’ et ramenez-le sur la plateforme. Faites cesser l’impulsion dès qu’il sera à nouveau sur celle-ci et commandez ‘’ASSIS’’. Il ne faut jamais laisser le chien atteindre le pigeon et c’est pourquoi nous l’avons jeté à une bonne distance de lui.
Attendez environ 30 secondes et faites-le rapporter à l’ordre. Introduisez des distractions pendant ces leçons comme par exemple des jeunes chiens qui partent au rapport au coup de feu Vous devez également changer souvent de terrain d’entrainement : bois, friches, betteraves, chaumes, etc…
Assis ou debout ?
Certains conducteurs pensent que la position assise est préférable pour le commandement ‘’ARRET‘’. Ces conducteurs ont sans doute remarqué qu’en gibier tiré, la totalité des chiens s’assoit à l’envol et au coup de feu sans que l’on n’ait jamais exigé cette position précise à l’entraînement. Bien sûr, assis, ils voient mieux le gibier tomber mais ce n’est pas la raison principale de ce choix car ils pourraient aussi rester debout.
En fait, les chiens savent qu’ils vont rapporter et ils se mettent d’eux-mêmes dans la position qui précède toujours le rapport à l’ordre. Pendant le dressage et à l’entrainement, tous les dresseurs font asseoir leurs élèves avant de les envoyer au rapport à froid au commandement et c’est donc tout naturellement qu’ils prennent cette position pour solliciter une friandise. C’est pour cette raison que nous utilisons le commandement ‘’ ASSIS ‘’ pour la sagesse au feu suivie d’un rapport plutôt que le commandement ‘’ ARRET ‘’.
En matière de dressage, mieux vaut être précis et il est inutile qu’un chien se conditionne tout seul à s’asseoir au commandement ‘’ ARRET ‘’. Votre chien doit apprendre que le coup de pistolet a la même signification que le commandement ‘’ PAS BOUGER ‘’. Lorsqu’un chien a déjà beaucoup chassé, il associe le coup de feu au commandement ‘’ APPORTE ‘’ et ce, d’autant plus facilement qu’il le précède toujours. Par la suite, il sera donc très difficile de les dissocier définitivement.
Cette phase que nous venons de vous décrire est destinée à faire associer le coup de feu au commandement ‘’ PAS BOUGER ‘’. Il ne vous reste plus qu’à progresser doucement et bientôt vous pourrez associer la quête, l’arrêt, la sagesse à l’envol et le coup de feu au cours d’une seule et même séance.
Varier les leçons : à vue
Cachez une boite d’envol avec un pigeon à l’intérieur et faites asseoir votre chien sur une plateforme à une dizaine de mètres. La boite doit être placée à mauvais vent pour ne pas le conditionner à arrêter assis. Cette précaution permet également de ne pas le faire arrêter à l’ordre car c’est à lui de déterminer seul à quel moment il doit le faire.
Placez-vous à ses côtés, déclenchez l’envol et tirez le pigeon. S’il quitte la plateforme, appuyez sur le bouton de votre collier en utilisant une impulsion continue, commandez ‘’ PAS BOUGER ‘’ et exigez avec le cordeau le retour à sa place avant de la faire cesser. Commandez-lui ‘’ ASSIS ‘’ dès qu’il sera revenu sur la plateforme. S’il est sage, attendez une dizaine de secondes, commandez-lui « PAS BOUGER » puis seulement ensuite ‘’ APPORTE ‘’.
En plaine
Votre chien vient d’arrêter la boite et a parfaitement respecté l’envol du pigeon. Tirez le pigeon mais manquez-le : facile à faire Exigez la sagesse à l’envol en utilisant une pichenette ou une impulsion continue s’il le faut mais laissez-le toujours dépasser la boite avant de le faire. Replacez-le ensuite en position « ARRET » à l’endroit exact de son arrêt car il n’y a pas de rapport à effectuer. De cette façon, votre chien va progressivement apprendre à s’asseoir uniquement quand le gibier tombe et à rester en position ‘’ ARRET ‘’s’il n’est pas touché.
Cette petite subtilité peut être très utile à la chasse car les chiens savent très bien discerner quand le gibier est blessé ou non. De temps en temps, ne manquez pas le pigeon (moins facile pour certains !). S ‘il part au rapport, envoyez une impulsion continue avant qu’il dépasse la boite d’envol et commandez ‘’PAS BOUGER‘’. Vous pouvez matérialiser la place de son arrêt en disposant rapidement une couverture sur laquelle vous le ferez asseoir. Cinq bonnes minutes sur la couverture ponctuées de fréquents rappels à l’ordre ‘’ PAS BOUGER ‘’, suivis de coups de fusil en l’air seront bien nécessaires pour remettre les pendules à l’heure.
Progressivement, ce coup de fusil finira par avoir la même signification que le commandement « PAS BOUGER » et vous pourrez commencer à doser l’intensité de l’impulsion continue en fonction de l’attitude de votre élève au moment du rapport. Nous n’utiliserons pas la pichenette pour ce dressage car il ne faut pas que le chien puisse aller jusqu’au gibier et puisse s’en saisir.
La fonction risquerait de s’installer et il pourrait se mettre à refuser le rapport : ce n’est pas le but recherché ! L’impulsion continue est bien plus efficace car on peut la maintenir tant que le chien n’est pas revenu à sa place. Si votre chien n’est pas sage quand vous commencerez à utiliser des faisans, reprenez tout le programme avec cet oiseau dans la boite et vous terminerez enfin sur gibier posé.
Plus vous le ferez rapporter et moins il sera sage ! C’est toute la difficulté de ce dressage et c’est pourquoi il faut intercaler beaucoup de leçons sans rapport du gibier. Un bon ‘’ truc ‘’ pour entraîner sans tuer d’oiseaux consiste à attacher le pigeon avec une cordelette d’une trentaine de mètres : aussitôt éjecté, le pigeon parcourt cette distance et tombe sur le coup du pistolet comme en action de chasse.
Il faut tout de même prendre la précaution d’installer un solide élastique au bout de la ficelle pour amortir le coup de frein et ne pas risquer de blesser inutilement le pigeon. Bien entendu, vous ne le ferez surtout pas rapporter mais grâce à ce subterfuge, vous aurez réussi à reproduire exactement l’acte de chasse.
A l’entraînement, prenez toujours la précaution de commander ‘’ PAS BOUGER ‘’ juste avant de l’envoyer au rapport, vous éviterez ainsi qu’il associe à nouveau le coup de feu au commandement ‘’APPORTE‘’. Vous pouvez également le faire pendant les concours car rien ne vous l’interdit à partir du moment où le juge vous a donné l’autorisation de faire rapporter et c’est une astucieuse façon de continuer l’entraînement en situation réelle.
Certains chiens font bien la différence entre les fields et l’entrainement et c’est donc une excellente manière de brouiller les pistes en le persuadant que vous l’appuyez au feu pendant le concours. Si vous voulez préparer votre chien à fond , vous pouvez également demander à un aide de lui commander ‘’ APPORTE ‘’ et lui apprendre à ne partir qu’à votre ordre, vous éviterez ainsi que votre chien s’élance de lui-même au rapport en entendant le juge vous dire : « Faites rapporter ». Cet exercice contribue à parfaire encore un peu plus la sagesse de votre chien.
Printemps ou gibier tiré : faut-il choisir ?
Passer du gibier tiré au printemps demande beaucoup de doigté car il est fréquent que certains chiens soient définitivement cassés après le gibier tiré. Certains comportements passent inaperçus pour le mauvais conducteur mais sont pourtant très repérables et permettent au connaisseur de se rendre immédiatement compte que le gibier tiré a été néfaste à certains chiens. A cause de maladresses parfois difficiles à éviter, certains sujets risquent de ne plus être aussi audacieux que par le passé. Evitez d’engager trop tôt votre élève en gibier tiré si vous voulez aussi le faire courir en printemps, c’est une sage résolution.
Certains dresseurs préfèrent d’ailleurs s’abstenir d’y participer pour préserver leur écurie et aussi d’une certaine façon leur image de marque. Quand aux chiens de grande quête, je considère qu’il s’agit d’une aberration de les faire participer à ces épreuves et tous les arguments qui sont avancés pour défendre cette cause démontrent une fois de plus que la confusion est totale entre ce que doit être un chien de grand sport et ce qu’est un chien de chasse.
Non seulement la participation aux concours de gibier tiré n’est pas utile au chien de haute compétition mais en plus, elle risque d’atténuer son amour du perdreau et de faire disparaître tout son potentiel instinctif de trouveur. En effet, sur gibier d’élevage, rien n’est naturel, tout est artificiel. Les oiseaux sont disséminés au bon vouloir du poseur et il est inutile de posséder le sens de la place pour prendre des points. C’est uniquement une question de ratissage du terrain. Une quête serrée et méthodique permet de n’oublier aucun oiseau et les conducteurs soucieux de gagner s’emploient à obtenir ce résultat pour ne pas manquer une occasion.
Rogressivement, la plupart des chiens comprennent d’ailleurs ce principe et finissent par l’appliquer d’eux-mêmes, faute de pouvoir utiliser avec efficacité leur véritable instinct de chasseur. Cette attitude qui consiste donc à subir le terrain devient rapidement une seconde nature puisqu’elle leur a permis maintes et maintes fois de trouver, d’arrêter et de surcroît de rapporter du gibier. Rien d’étonnant donc que ces mêmes chiens adoptent ensuite ce même comportement dans les blés et attendent la rencontre avec les perdreaux sauvages plutôt que de la provoquer.
Souvenez-vous de ces chiens à qui l’on fait rapporter des bâtons ou des cailloux à longueur de journée, on en fait très vite des ‘’ abrutis ‘’ dénués de toute personnalité…C’est la démonstration que le conditionnement intensif d’un chien aboutit irrémédiablement à son abrutissement et ce, d’autant plus rapidement que l’on ne fait jamais appel à son intelligence. Une épreuve fabriquée de toutes pièces ne peut que produire des chiens fabriqués et nous sommes alors très loin de la véritable fonction de la grande quête qui doit permettre la mise en évidence de réelles qualités naturelles.
Il en est tout autrement du véritable chien de grande quête qui utilise toute son intelligence, toute son expérience et toute sa science de la chasse pour trouver et bloquer des perdrix sauvages dont les places et les défenses sont multiples et varient en fonction du biotope, du temps… Seule la confrontation régulière avec ce noble adversaire dans les conditions mêmes de la grande quête peut lui permettre de devenir un de ces trop rares virtuoses que l’on peut admirer dans les grandes épreuves.
La sagesse absolue à l’envol et au feu est très difficile à obtenir à la chasse : tirer le gibier et s’occuper de son chien n’est pas chose aisée. Si vous voulez participer à des concours de gibier tiré, vous devez consacrer beaucoup de temps à ce point et y revenir régulièrement pour conserver ce dressage. La plupart des dresseurs qui participent à ce genre d’épreuves procèdent à des « réglages » tous les 2 ou 3 jours, si ce n’est après chaque concours avec certains chiens, ce qui ne peut que confirmer les explications que je viens de vous donner dans ce chapitre.
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