Trois points sont à étudier en priorité :
- La quantité d’énergie à fournir ainsi que les meilleures sources d’énergie à privilégier dans la ration,
- Adaptations alimentaires rendues nécessaires par le stress qui résulte de l’état de vigilance exacerbé,
- La déshydratation, principal danger lors d’effort d’endurance et donc toujours à surveiller.
L’effort fourni par le chien de chasse peut être défini comme un effort d’endurance intermittent, c’est à dire qu’il y a alternance entre des phases de course rapide et prolongée et des phases de repos relatif où cependant la tension nerveuse ne se relâche jamais complètement, responsable d’une dépense énergétique importante. L’objectif du maitre est de maintenir le poids de forme du chien en le pesant si possible chaque semaine et en adaptant les quantités d’aliment distribuées.
La variabilité raciale, individuelle ou due à l’environnement rendent difficiles l’approche précise du besoin énergétique. Voici quelques repères :
- À l’entretien, un chien de petite taille a un besoin énergétique proportionnellement plus élevé qu’un chien de grande taille : si un Beagle de 15 kg a un besoin d’environ 1000 Calories (Cal ou kcal) soit 67 Cal/kg, un grand chien courant de 35 kg se contentera de 1900 Cal soit 54 Cal/kg.
- 1 heure de travail conduit à une augmentation d’environ 10 % du besoin énergétique d’entretien, ce qui peut conduire à accroître l’ingéré énergétique (l’apport de calories mais pas l’augmentation de la ration) de 40 à 50% pour une «journée» de chasse
- La température a un effet
majeur : le besoin énergétique d’un chien qui travaille augmente de 60% par une température inférieure à moins 10°C !Enfin, il faut rappeler que plus un aliment est digestible, plus le profit énergétique réel pour le chien est important ; ce critère peut d’ailleurs s’apprécier de manière simple en comparant le volume fécal au volume ingéré : les aliments les plus digestibles produiront 45-50 g de fèces pour 100 g de matière sèche ingérée contre 150 gr pour 100 gr ingéré chez les aliments les plus économiques.
Pour le choix de la source d’énergie à privilégier, nous devons faire ici quelques rappels.
Chez le chien, contrairement à l’homme, les carburants de l’effort d’endurance sont les LIPIDES et non pas les PROTEINES, contrairement à une idée couramment répandue !!!Les GLUCIDES interviennent comme source d’énergie lors des efforts brefs et intenses.
La consommation de lipides comme source de carburant chez le chien intervient après quelques minutes d’effort alors que l’homme ne les utilise qu’après 40 minutes.
- Les matières grasses ou lipides sont le carburant essentiel du métabolisme aérobie, qui se met en place dès que l’effort se prolonge dans le temps ; leur utilisation ne produit pas de déchets s’accumulant dans l’organisme. En revanche, des glucides présents en grande quantité dans l’alimentation favorisent le métabolisme anaérobie (sans oxygène), produisant de l’acide lactique responsable de la fatigue musculaire lors d’effort intense.
- Les réserves en matières grasses de l’organisme sont quasi-illimitées, alors qu’en cas d’utilisation référentielle de glucides, l’épuisement des réserves survient rapidement (après 2 à 3 heures de travail) et des symptômes nerveux d’hypoglycémie peuvent alors apparaître.
- Pour être bien assimilée, la ration doit être la moins encombrante possible, donc concentrée en énergie ; or 1 gramme de matière grasse apporte 9 Cal, 1 gramme de protéine ou de glucide (amidon, sucres) n’en apporte que 4.
- Enfin, le chien digère particulièrement bien les matières grasses, même à un niveau élevé dans la ration.
Des taux élevés de matières grasses de bonne qualité dans l’alimentation (jusqu’à 20- 25%) permettent donc d’améliorer les performances du chien de travail, tout en limitant le risque de diarrhée souvent causée par un volume de ration trop important.
Les protéines : Le stress de l’effort physique soutenu et de la tension nerveuse constante conduit le chien de chasse à «consommer» plus de protéines. Corrélativement à l’augmentation du niveau énergétique de la ration, la teneur protéique doit donc s’élever aussi, pour ne pas induire de carence protéique qui se traduit par de l’anémie, une diminution du volume des masses musculaires et une baisse des performances.
En effet, si elles peuvent nourrir, les protéines servent avant tout à construire, en permettant la synthèse des os, des muscles, des structures nerveuses etc…Chez le chien de travail, les protéines doivent représenter au moins 30% de l’énergie totale de l’aliment. Toute carence en matières grasses de la ration peut obliger l’organisme à « bruler » ses protéines pour obtenir de l’énergie (1 gr de Protéine = 4kg cal/kg) au lieu de les utiliser pour construire. C’est ainsi que l’on assiste à une fonte musculaire liée au déséquilibre énergie /protéines de l’aliment.
D’autres éléments doivent être pris en compte dans la ration du chien de travail notamment les vitamines et les minéraux.
L’enrichissement de la ration en ces divers éléments ne doit cependant pas être fait à la légère car des apports trop importants de l’un peuvent bloquer l’action ou limiter l’absorption d’un autre. Mieux vaut choisir un aliment spécialement étudié pour le chien actif, où l’ensemble de la formulation sera équilibré, sans qu’il soit nécessaire de procéder à des supplémentations hasardeuses.
Certaines marques proposent des aliments spécifiquement formulés en fonction du type d’effort réalisé et adaptés à la performance des chiens sportifs. Prenez soin également de vérifier que votre aliment est formulé pour la prévention du stress oxydatif cellulaire. L’oxygène, lié à la respiration, génère en permanence des substances toxiques appelées radicaux libres qui sont impliquées dans des mécanismes inflammatoires, en particulier durant l’effort.
Modes de distribution de la ration
Le respect du besoin nutritionnel de l’animal nécessite également de respecter certaines modalités de distribution qui contribueront à prévenir un certain nombre de désagréments dont certains peuvent se révéler très graves (torsion d’estomac, diarrhées de stress, déshydratation etc.)
Il est formellement déconseillé de nourrir un chien immédiatement avant un effort, tout comme le faire travailler à jeun… Afin de bien préparer le chien, il est conseillé de lui fournir un quart (en effort court) à un tiers (effort long) de sa ration quotidienne environ trois heures avant l’effort, afin que son estomac soit vide lorsque celui-ci commence. C’est environ deux heures après l’effort que le restant de la ration sera distribué à l’animal.
La déshydratation constitue par contre l’un des points à surveiller de très près par l’utilisateur qui peut facilement l’apprécier grâce au signe classique du «pli de peau» : un pli effectué en région lombaire doit normalement s’effacer aussitôt grâce à l’élasticité naturelle de la peau. S’il persiste, la déshydratation est estimée au moins à 5 %, ce qui nuit déjà beaucoup aux performances du chien.
La consommation normale d’eau d’un chien représente 50 à 60 ml/kg de poids, soit 2,5 à 3 fois sa consommation de matière sèche. Un chien de 20 kg boit 1 à 1,2 I/jour, beaucoup plus en cas d’effort prolongé et/ ou de température élevée. Pour un chien qui travaille, la prévention de la déshydratation repose sur des précautions simples:
- Pour les chiens petits buveurs, on peut servir les repas réhydratés afin de stimuler leur consommation d’eau. ,
- Faire boire le chien entre 1 heure et 30 mn avant l’effort (en mélangeant, si besoin est, un peu d’aliment à l’eau de boisson pour en faire un bouillon appétissant) ;
- Après l’effort, abreuver par petites quantités (100 à 150 ml à chaque fois), avec de l’eau pas trop froide.
En conclusion, il est évident que l’alimentation du chien de chasse requiert plus d’attention en période hivernale de travail : on surveillera particulièrement le poids de forme du chien, l’état de son pelage, la couleur de ses muqueuses pour déceler rapidement une baisse de forme pouvant être liée à un problème nutritionnel.
L’alimentation du chien de chasse en hiver est un moyen fondamental de préserver ses performances, loin de toutes considérations anthropomorphiques ou en privilégiant de trop nombreuses recettes de « grand-mère » qui n’ont comme seul intérêt que de flatter l’empirisme de certains propriétaires, persuadés qu’ils possèdent la recette miracle que les autres n’utilisent pas .
Plutôt que d’augmenter la quantité d’aliment distribué pendant l’année, on préfèrera passer à un aliment plus concentré dont le volume de ration restera modéré. Certaines marques proposent des aliments spécifiquement formulés en fonction du type d’effort réalisé et adaptés à la performance des chiens sportifs. Hormis l’entrainement et les aptitudes génétiques de l’animal, une alimentation appropriée contribuera à l’amélioration des performances de votre auxiliaire.