Leur périple débute en flirtant avec les berges de l’étang. Le déversoir nourrit de son trop-plein un ru qui ouvre sans vergogne une saignée tourmentée dans la vallée boisée avant de se jeter dans la rivière. Le chasseur sait que sa chienne aime jouer avec les carpeaux qui peuplent le plan d’eau. Pourquoi la priver de ce bonheur ? Jeune et espiègle, elle essayait d’attraper les poissons occupés à piper à la surface quelques mets aquatiques sous les nénuphars. Elle a vite compris que c’était quête inutile, que ces carpes étaient inaccessibles. Par goût et malice, elle se contente maintenant de les approcher le plus discrètement possible. Elle coule vers elles comme elle le fait avec les mordorées. Son plaisir est de les surprendre au plus près et de les effrayer d’une simple gerbe d’eau. Son excitation se lit, de son fouet tremblotant au bout du museau, à la vue du V en surface dû à la fuite des poissons. Cet étang, elle le connaît par cœur depuis dix ans déjà. Elle y a arrêté quantité d’oiseaux. Faisans, bécasses mais aussi colverts qu’elle espérait voir tomber au milieu de l’onde. La nage est pour elle aussi naturelle que pour les habitants des eaux profondes. Un de ses grands plaisirs est de gratifier son maître de rapports les plus parfaits.
Aujourd’hui, le chasseur suivra tranquillement le sentier qui court au plus haut de la vallée. Il imaginera à distance le travail de la chienne. Le parcours n’a aucun secret pour les deux complices. La première remise visitée est celle du « Gros noisetier ». C’est une énorme «bouillée» de vieilles repousses retombant en arc de cercle vers le sol. Le lieu, en angle de bois, est surtout un tènement de refuite mais il est hors de question que la Gordon le néglige. Ils y ont connu succès mais aussi de mémorables loupés. Il se souvient que c’est aussi ici que le fils de sa chienne y a fait sa première rencontre avec l’oiseau magique. C’est ici qu’il aura pris sa première leçon d’arrêt à patron avec sa mère. Dans le silence profond de cet après-midi, l’homme suit la campane qui chaloupe au fil du ruisselet qui abreuve le bois. Ce filet nourricier amène l’humidité nécessaire au bien-être des oiselles. Les places sont visitées méticuleusement une à une. A grande vitesse, la chienne n’en manquera aucune. Les ronciers, les fougères, les épineux, les petites clairières, rien ne sera négligé. Les caches faciles, les impraticables, les improbables, rien n’entravera son avidité. Ces deux-là ont une confiance inébranlable l’un envers l’autre. Elle sait que lorsque qu’elle sera à l’arrêt son maître la localisera et viendra la servir. Il sait, quand le silence se fait profond, que sa compagne l’attendra sagement en profitant des effluves enivrants de son oiseau-bec. Cette sagesse n’a pas toujours été parfaite. A ses débuts la «foldingo» faisait voler allègrement avant de se lancer dans une poursuite éperdue. Il aura fallu quelques leçons et surtout l’intervention de «Tonton Tony» pour en arriver à s’approcher de la perfection. Tonton Tony ?
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