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Des terrains adaptés au travail d’un chien d’arrêt et des oiseaux naturels permettent toujours d’obtenir le meilleur de la plupart des sujets de bonnes origines présentant de bonnes dispositions. Plus le gibier est naturel, plus le chien progresse. Le gibier d’élevage a toujours le même comportement et sa passivité offre donc peu de possibilités de progression. Par contre, mettre un jeune chien trop tôt en présence d’oiseaux très difficiles à maîtriser peut risquer de le décourager ou de l’habituer à commettre de multiples fautes.
Dès qu’un chien a compris ce qu’il doit faire et qu’il obtient un bon résultat, il ne réfléchit plus et applique bêtement ce qu’on lui a appris. Le chien est un être d’habitude et il s’habitue vite à la médiocrité. J’en veux pour preuve ces chiens qui chassent le faisan lâché du matin sur un territoire qu’ils connaissant par cœur.
Ils sont imbattables pour remplir le carnier de leur maître avant 10 heures du matin mais ils finissent le reste de la journée dans les bottes comme s’ils savaient exactement combien d’oiseaux avaient été lâchés. Il en est tout autrement du bécassier qui continue inlassablement d’explorer le bois, certain que son effort peut être payant même à quelques minutes de rentrer à la voiture.
Beaucoup s’étonnent de ne pas avoir le chien qu’ils méritent mais ont-ils fait toutes les sorties nécessaires à sa formation ? Ont-ils su sacrifier le tableau à la beauté de l’action ?Ont-ils su établir le bon plan de travail au regard de leurs objectifs ?
Choisir le bon plan de travail
La technique vient souvent suppléer le manque ou l’absence de gibier naturel mais elle ne doit pas être une fin en soi. Que m’importe le chien qui arrête parfaitement les boîtes d’envol et est sage comme une image sur les pigeons s’il est incapable de bloquer le moindre oiseau sauvage… Tout ceci pour dire qu’il faut très vite sortir de la salle de classe et aller sur le terrain pour les travaux pratiques.
C’est souvent plus facile à dire qu’à faire car il faut avoir à sa disposition les meilleurs terrains, les meilleures conditions et beaucoup d’oiseaux pour passer à l’action. Parfois, il faut aussi savoir attendre son heure car à quoi bon lâcher un jeune chien sur les compagnies de novembre ou sur les bécasses de fin de saison.
Avant tout, il faut établir un bon plan de travail et pour cela il est important de regarder les choses en face pour ne pas se bercer d’illusions. En effet, la première phase est celle de l’observation. Elle permet d’étudier le caractère de son jeune élève et de vérifier ses qualités naturelles. Un dresseur professionnel peut vous aider à faire cette évaluation qui peut être réalisée sur du gibier d’élevage pour ne pas perdre trop de temps dans l’attente de ces fameuses conditions favorables.
Dès qu’un chien quête, arrête et poursuit, on est en mesure de porter un premier jugement sur son style, ses capacités physiques, son contact, sa puissance de nez et sa passion de la chasse. Plusieurs mises en présence sur plusieurs jours sont souvent nécessaires pour en arriver à ce stade car il faut attendre que le chien se déclare.
Dans un deuxième temps, on peut tester son comportement au coup de fusil et son aptitude à rapporter ou pas. En dernier lieu, un test en couple permet de juger de son indépendance et de sa capacité à patronner ou pas.
Toutes ces observations vont vous permettre d’établir un plan de travail. Dans le meilleur des cas, il arrête et rapporte sans éprouver aucune gêne au coup de feu…Sinon à vous (ou à un pro) de le débourrer et de l’amener à ce premier niveau de base.
Vers la compétition
Il présente de grandes qualités de style et de vitesse : dans ce cas, vous pouvez légitimement vous poser la question de la compétition. L’avis d’un professionnel peut alors vous être très utile pour situer le niveau et déterminer le potentiel de votre champion en herbe. Un débourrage sur les couples de perdrix au printemps ou sur les compagnies d’été semble tout indiqué. Pas de bricolage, mettez toutes les chances de votre côté et du sien !
S’il s’agit d’un chien destiné à la chasse pratique, un bon débourrage sur du gibier d’élevage lui permettra d’aborder les oiseaux sauvages dès l’ouverture avec un bon bagage et quelques automatismes. La première saison de chasse servira à le créancer et à lui donner l’amour de la chasse de l’oiseau recherché : bécasse, perdrix, bécassine…A chacun ses goûts !
La deuxième saison de chasse, une bonne préparation technique viendra parfaire sa formation et vous permettra de canaliser et d’optimiser la passion que vous lui avez laissée développer la première année. Chasse ou field, j’estime qu’il faut environ 50 mises en présence sur un oiseau précis pour considérer qu’un chien est parfaitement créancé.
Avec 100 arrêts servis, votre chien devient un véritable expert. Il faut se donner les moyens de ses objectifs et c’est pourquoi un certain nombre de dresseurs voyagent à la recherche des meilleurs territoires de chasse ou d’entraînement.
Prendre conscience des difficultés
Avec d’autres chiens, vous allez rencontrer toutes sortes de problèmes dont les principaux sont :
• Il n’obéit pas et n’a aucun rappel. Il bat seul la plaine et ne rentre que lorsqu’il l’a décidé : quelques leçons de rappel au cordeau ou en parc vont être bien utile avant de le lâcher en terrain ouvert.
• Il n’arrête pas : il va falloir déclencher cet arrêt naturel avant de le mettre en présence de gibier sauvage pour éviter de perdre trop de temps. Encore une fois, le cordeau est très utile.
• Il présente une légère timidité au coup de feu : il va falloir l’initier au coup de fusil et le remettre en confiance avant d’entreprendre tout dressage et avant de l’emmener à la chasse.
• Il ne rapporte pas : il ne faut donc pas travailler la fermeté d’arrêt et la sagesse à l’envol tant qu’il ne rapporte pas de lui-même. Dans certain cas, il faut prévoir un rapport appris en fin de dressage.
• Il ne patronne pas : pas d’inquiétude. Le patron, c’est comme l’arrêt cela ne se déclenche pas immédiatement. Il faut parfois attendre plusieurs sorties en couple avant de l’obtenir spontanément.
• Il patronne : il faut éviter de le mettre trop en couple au début car il doit d’abord aimer trouver seul le gibier.
Vous allez sans doute faire d’autres observations, rencontrer d’autres problèmes…C’est normal, il n’y a pas un chien pareil ! Mais le plus important, c’est que vous avez évalué votre élève et le travail qu’il va falloir accomplir avec lui pour déterminer votre plan de travail, votre plan d’action !
Votre plan de travail est donc établi car vous connaissez déjà mieux votre chien : ses points forts et ses points faibles. Vous allez pouvoir lui donner une base technique utile avant de le confronter à du gibier sauvage. Aujourd’hui, la possibilité de mettre un jeune chien en présence de gibier sauvage n’est pas si simple : il y a des questions de périodes, de météo, d’autorisation, de proximité des territoires alors autant mettre toutes les chances de son côté.
En d’autre temps le gibier abondait et certains dresseurs talentueux lâchaient leurs élèves directement dans les oiseaux sauvages sans se soucier de la technique et de l’obéissance. Le plan de travail était simple : des perdreaux, des perdreaux et encore des perdreaux ! Pas de boîte d’envol ni de collier de dressage. Un sifflet et une laisse suffisaient ! En somme le dressage naturel, sans outil.
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