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Avec leur corps et leur tête de grands chiens, leurs pattes courtes, ils surprennent toujours.
Les bassets ont un train sage et modéré, un nez hors du commun dû, entre-autres, au fait qu’il est près du sol, un amour inné pour la chasse. Ils représentent une bonne partie du cheptel des chiens courants français qui peuvent traquer tous les gibiers. Ils eurent leurs heures de gloire et sont aujourd’hui parfois remplacés par des terriers ou autres chiens de petit pied, notamment pour la réalisation des plans de chasse. Mais leurs utilisateurs n’en changeraient pour rien au monde.
Un basset, c’est quoi ?
Du latin « bassus » qui veut dire « bas », le basset a des pattes disproportionnées par rapport au reste du corps. Cependant il ne faut pas confondre bassetisme et nanisme. Un nain présente une diminution de la taille par rapport à la normale mais sans modification des proportions.
Le beagle, par exemple, est un nain. En fait, le bassetisme est une anomalie de croissance des os nommés achondroplasie qui n’a aucune influence sur la santé et que les hommes ont exploité parce qu’ils y ont trouvé un intérêt. Certains éleveurs ont cultivé le phénomène en créant un type plus près de terre mieux adapté à certaines situations.
Nos bassets restent des « grands » chiens, courts sur pattes certes, mais qui possèdent toutes les caractéristiques des grandes races dont ils sont dérivés. Ils étaient déjà utilisés au Moyen Âge autant comme terriers que comme courants.
Pour bien comprendre le développement de ce type de chiens, il est nécessaire de revenir sur un bref aperçu de l’histoire des pratiques de la chasse après la Révolution et au début du XIXème siècle. En abolissant les privilèges des seigneurs et de la noblesse, la révolution française a porté un coup à la pratique de la chasse à courre. Les belles meutes qui étaient jalousement gardées ont été fortement mises à mal et la chasse s’est popularisée en provocant le morcellement des grandes propriétés.
Les bassets devinrent alors très adaptés dans les mains d’un grand nombre de petits chasseurs qui ne pouvaient pas entretenir de grandes meutes et avaient besoin d’efficacité à un coût moindre. Ce sont eux, ces « petits » chasseurs, qui ont montré et promu les qualités des bassets dont les notables se moquaient ouvertement mais qui devenaient une arme redoutable entre les mains des gens du pays pour qui les mœurs du gibier n’avaient pas de secret et qui avaient la connaissance de leurs territoires.
L’une des toutes premières descriptions des bassets se trouve dans le premier livre du comte Le Couteulx de Canteleu, « La vénerie française », où déjà il en fait l’éloge : « le basset est plein de bonnes qualités, il n’a de répugnance pour aucune bête…les bassets de pure race chassent dans la perfection cerf, loup et sanglier. »
Plus tard, dans les années 1890, dans son « Manuel de vénerie française », il les qualifie de « très vigoureux, ayant grand fond et excellente santé, très résistants et parfaits pour la chasse à tir » et il ajoute : « très braves, on peut leur faire chasser tous les animaux et quatre bassets font autant de bruit qu’une meute ».
C’est ainsi que l’éminent spécialiste décrivait les chiens qui allaient former les équipages de bassets d’Artois, bassets artésiens normands, bassets Hounds et bassets bleus de Gascogne. Les bassets de Vendée à poils durs étaient déjà décrits comme « ayant un pied extraordinaire » et pouvant prendre un lièvre en meute en deux ou trois heures.
Les bassets que nous appelons aujourd’hui « fauves de Bretagne » étaient à cette époque des bassets de pays qui avaient beaucoup de sang vendéen. Le chenil du jardin d’Acclimatation a été un point de départ du développement de l’engouement pour les bassets dans les années 1873.
Pourquoi un basset ?
Encore au début et dans le premier tiers du siècle dernier, de nombreux chasseurs possédaient leur couple de bassets pour chasser lièvres et lapins. Les annonces des magazines de l’époque en sont une preuve incontestable. Qu’en est-il aujourd’hui ? La raréfaction du petit gibier ainsi qu’une certaine mode ont fait que les chiens hauts sur pattes ont eu la préférence alors qu’ils étaient plus adaptés à la vénerie qu’à la chasse à tir.
A l’heure où les territoires se rétrécissent et où les plans de chasse du grand gibier sont devenus importants, il peut paraître étonnant que les bassets ne soient pas davantage utilisés. Ils sont pourtant très compétents car ils offrent les mêmes avantages et les mêmes plaisirs que les moyens et grands chiens. Ils peuvent être arrêtés plus facilement et chasser tous les gibiers, du lapin au sanglier. Ces chiens ont la passion de la chasse « propre », menant leur animal dans les règles de l’art, ce qui, aujourd’hui, ne plaît pas forcément à tout le monde.
Les utilisateurs ont la possibilité de choisir entre les poils ras et les poils durs. Leur style de chasse est différent. Généralement les poils ras aiment travailler la voie alors que les poils durs sont plutôt spécialistes du fourré. Les premiers sont de purs suiveurs et se comportent quasiment comme des chiens d’ordre alors que les deuxièmes affichent leur caractère de griffons, lanceurs et houspilleurs.
Les chasseurs de pays ont particulièrement apprécié l’efficacité de leurs bassets, plus lents certes que des courants de grande taille mais sages et bien ajustés. Devant eux, le gibier n’est pas trop bousculé et ruse sans quitter l’enceinte où il se trouve en écoutant les récris abondants de ses poursuivants. Il devient alors une cible commode pour le tireur qui peut même choisir son animal.
De nos jours, il faut aller vite et l’on préfère venir à bout d’un lièvre ou d’un chevreuil en rien de temps pour pouvoir aller en chercher un autre dans la même matinée. Du temps où la chasse au chien courant était encore un peu de la poésie, le vieux chasseur s’amusait et ne dépeuplait pas.
Il est vrai que le contexte n’est plus le même. Les gens n’ont plus le temps, le lapin se raréfie, les plans de chasse sont importants et doivent être faits, d’où l’utilisation de chiens de petit pied qui ne mènent qu’à vue, avec lesquels plusieurs traques peuvent être effectuées dans la même journée. Adieu donc la belle chasse d’antan avec la belle musique !
L’utilisation de bassets dans ce contexte est pourtant un excellent compromis pour ceux qui souhaitent conserver les vraies valeurs à condition d’utiliser des chiens de même pied et de réunir un petit groupe de piqueux compétents. Alors la chasse redevient intense et belle.
Hirsutes ou poils ras ?
Il est coutumier de faire la distinction entre les bassets à poil dur et les bassets à poil ras. Différents, ils le sont par leur aspect physique mais aussi dans leur façon de chasser. Le choix pourra donc être fait en fonction de la préférence de chacun, l’essentiel étant de toujours découpler des chiens de même pied et dotés des mêmes caractères inhérents à leur race. Dans les poils ras se classent les bassets artésiens normands, bassets Hounds et bassets bleus de Gascogne.
Les griffons forment la famille des poils durs avec les vendéens (petits bassets griffons vendéens et grands bassets griffons vendéens) ainsi que les bassets fauves de Bretagne. Si les griffons sont avant tout lanceurs et ne rechignent pas au fourré, ils s’ameutent moins bien et sont généralement moins sûrs dans le change.
Artésiens, Hounds et bleus aiment à travailler la voie individuellement, s’ameutent à la perfection et ont du fond. Tous étaient avant tout chiens de lapins et ont souvent dû se reconvertir à la chasse du grand gibier en raison de la rareté du « jeannot » et de sa disparition en maints endroits. Mais ils ont réussi leur mutation lorsque le besoin s’est fait sentir.
Cependant il existe encore de nombreux petits équipages qui font la joie de nos campagnes sur le petit gibier et qui défendent avec brio la belle chasse française et les bassets courants. Un petit lot bien mis est toujours un plaisir pour les yeux et les oreilles des amoureux de la belle chasse.