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Avec un peu d’habitude, n’importe qui peut devenir dans ce cas, bon chasseur, pourvu qu’il ait quelque peu pratiqué le tir aux pigeons. C’est du tir et pas de la chasse. Non, le plus grand plaisir que peut éprouver un chasseur, un vrai chasseur, c’est d’avoir un bon chien et de le voir bien travailler. Certes, on tue moins de gibier qu’en battue, et quand on a dans son carnier une demi-douzaine de perdreaux et un lièvre pour un mois d’ouverture, on peut s’estimer très heureux.
On dit toujours, la chasse est le sport le plus coûteux qu’il soit ! Pardieu ! Je le crois, s’il vous faut des tableaux de 200 ou 300 pièces et tout un personnel, comme autrefois en avaient les grands seigneurs.
Un chien selon le territoire.
Depuis des années, je chasse gentiment sur une chasse banale et j’ai en plus un terrain de 300 hectares, ce n’est pas énorme, mais cela suffit pour mon agrément et celui des amis qui veulent bien venir tirer quelques perdreaux dans la Beauce. Mon garde et son aide, c’est tout le personnel, s’occupent exclusivement de la chasse aux braconniers, aux bêtes puantes et aux oiseaux de proie; et, seul, je dresse mes chiens. J’ai de la plaine, du bois et un peu de marais. Deux chiens me suffisent, leur race ? Un croisement d’Epagneul et de Setter Gordon, et ils sont aussi bons en plaine, au bois ou au marais.
Cependant, je ne m’en suis pas toujours tenu à ma modeste chasse, et comme j’ai eu le feu sacré, j’ai tué perdreaux, lièvres et faisans un peu partout. C’est pourquoi je crois pouvoir vous donnez à vous lecteurs quelques conseils sur le choix d’un chien.
Si vous habitez un pays de plaine comme la Beauce ou la Brie, ou toute autre contrée découverte où le gibier est d’abord difficile, il vous faudra un chien vigoureux, au jarret d’acier, qui arpentera la plaine en courant devant vous avec endurance. Si au contraire, vous vous trouvez dans un pays couvert où il y a des bruyères et des fourrés remplis d’ajoncs et de ronces, il vous faudra un chien plus lent chassant sous le fusil, mais allant bien aux piquants.
Dans les pays où il y a des marais et des étangs, si vous aimez aller à la bécassine et au gibier d’eau, prenez un Epagneul français, ou un Epagneul Pont-Audemer, ou encore un Barbet, mais ceux-ci deviennent rares et on n’en trouve plus guère.
Pour les grandes plaines, je vous conseille le Pointer qui est infatigable et dont l’odorat résiste bien à la sécheresse et à la chaleur. Nos anciens Braques régénérés, le Dupuy, le Saint-Germain, le Braque d’Auvergne, de Gascogne, le Braque Charles X et le grand Braque allemand ne sont pas à dédaigner. Pour moi, je les préfère même au Pointer, parce qu’il est vrai que je n’ai plus les jambes de mes vingt ans. Pour le bois, rien ne vaut l’Epagneul et surtout le Griffon et au premier rang le Korthals ou le Guerlain.
Prenez si vous avez les moyens, un chien de race pure dont les parents ont fait leurs preuves. Cependant, je n’irai pas jusqu’à affirmer que tous les chiens de race pure sont forcément bons. Il y en a qui, primés dans les expositions canines, sont incapables d’arrêter le moindre gibier.
Mais enfin vous avez plus de chance de tomber sur un bon chien. Parmi les cabots sans race définie, on en trouve souvent qui valent tous les pur-sang de la terre. En tous les cas lorsque vous ferez l’acquisition d’un chien, essayez le, ne le payez pas sans l’avoir vu à la quête, à la prise du vent et s’il ne court pas après le gibier, ni sur le coup de fusil d’un autre chasseur, et regardez s’il est prédisposé à l’obéissance, puis enfin s’il marque bien l’arrêt. Ces qualités jointes à celles de bien rapporter sans abîmer le gibier sont essentielles.
Un exercice sain pour le corps et l’esprit
Xénophon prétendait que les chasseurs conservaient la vue et l’ouïe plus longtemps que les autres hommes, et que chez eux la vieillesse commençait plus tard. Je crois que Xénophon qui n’était pas seulement un grand général et un grand historien, avait diantrement raison. La chasse est le seul amusement qui fasse diversion complète aux soins et aux affaires, c’est un délassement sans mollesse, un exercice sain pour le corps et un repos pour l’esprit.
Si vous avez des soucis, prenez votre fusil et avec votre chien, allez faire un tour à la chasse, votre corps prendra une énergie nouvelle, votre âme se retrempera, et les soucis auront moins de prise au retour, car le sommeil suivant de près un bon dîner qu’on mange toujours bien à la chasse, saura bien les empêcher de troubler votre cerveau.
Quant à moi, je suis un peu comme ce fervent chasseur de chamois dont parle Mr de Saussure dans son ouvrage « Voyage dans les Alpes » et qui, disait mon grand-père est mort à la chasse. Mon père y est mort et je suis persuadé que j’y mourrai.
Ce sac que vous voyez et que je porte à la chasse, je l’appelle mon drap mortuaire, parce que je suis sûr que je n’en aurai jamais d’autre et pourtant si vous m’offriez de me faire ma fortune à condition de renoncer à la chasse, je n’y renoncerais pas.
J’ajouterai que, de plus, comme l’empereur romain Trajan dont Pline, dans son panégyrique, dit de lui : « Trajan joint la peine de chercher le gibier à celle de le prendre, le plus grand plaisir pour lui, c’est de trouver ».
Dans bon nombre de saisons, la perdrix est notre principal gibier. En arrivant, je vous recommande de bien reconnaître la direction du vent, il ne faut jamais lui tourner le dos, sans doute la disposition du terrain ne le permet pas toujours, alors marchez de flanc, et avancez en décrivant des zigzags.
Si le pays est un terrain normal de petites cultures, comme cela est fréquent aux environs de la région parisienne, le perdreau se trouve là où il y a des couverts.
Le plus souvent la compagnie part toute en même temps, il semble même que les perdrix obéissent à une sorte de code, car toutes se dirigent aussitôt vers un même point. Si les perdrix sont vieilles, il est rare qu’elles se séparent, et il est alors assez difficile de les rejoindre. Mais lorsqu’elles sont encore jeunes, de même que les conscrits inexpérimentés, elles s’éparpillent volontiers, et on peut appliquer aux compagnies cette phrase de l’histoire : « tout empire divisé périra ! ».
Aussi lorsque vous voyez une compagnie, tirez, même si vous êtes un peu hors de portée. Le feu sépare les perdreaux et vous pourrez les tirer les uns après les autres, une fois reposés.
À l’ouverture, les perdrix tiennent bien l’arrêt et partent presque sous le nez du chien, le plomb N°7 est alors suffisant, plus tard dans la saison, elles se sont aguerries et partent à des distances plus longues, parfois impossibles, je vous conseillerai alors de prendre du plomb N°5, mais ne dépassez pas ce numéro. En septembre, et mi-octobre du N°7, fin octobre du N°6 et vers la fermeture du N°5. Parfois, un printemps pluvieux est la cause de nombreux mécomptes, et beaucoup de perdrix ont fait une seconde couvée appelée « recoquetage », c’est pourquoi, vous avez déjà rencontré des perdreaux plus jeunes que la saison peut comporter.
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