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Depuis combien de temps aimez-vous le chien et d’où vous vient cette passion ?
Petite fille et fille de chasseur, j’ai grandi avec des chiens de chasse. Mon grand-père avait des springers, et mon père est revenu un jour à la maison avec un épagneul français. Ce sera pour moi le début d’une belle histoire avec cette race. Je suis devenue vétérinaire par vocation car j’adorais les chiens, mon parcours professionnel m’a amené à suivre une voie moins classique, je ne me suis pas installée en libéral et j’ai choisi de travailler dans le domaine des animaux d’élevage.
Les chiens sont alors devenus une passion et je ne conçois pas de vivre sans eux. Et quand je parle de chiens, pour moi c’est évident qu’il s’agit de chiens de chasse et plus particulièrement de chiens d’arrêt.
Vous possédez une setter Gordon et un Pointer, pourquoi avoir choisi ces races ?
Ma race de cœur initiale, c’est l’épagneul français. Je lui ai consacré ma thèse de vétérinaire et j’ai rencontré à cette époque Monsieur Jean Louvet, qui m’a fait découvrir la cynophilie, les expositions de beauté et les field-trial. J’ai beaucoup appris avec lui. Après ma thèse en 1988, j’avais pris un mâle épagneul français qui représentait à l’époque un excellent mariage entre les lignées sur lesquelles avaient travaillé quelques personnes dont Jean Louvet pour faire évoluer la race vers un chien moins lourd et plus performant sur le terrain.
J’ai eu la chance d’avoir 3 générations derrière ce chien mais malheureusement j’ai perdu, il y a deux ans, son arrière-petite fille sans avoir pu la faire reproduire. J’ai très mal vécu cette disparition et j’ai eu du mal à me projeter sur le choix d’un autre épagneul français. En plus je dois avouer que depuis déjà plusieurs années j’étais beaucoup plus attirée par les parcours des chiens britanniques en field. A un moment, il faut assumer ses envies et passer à autre chose.
Ayant rencontré, puis épousé, l’actuel président de la RASG, j’ai aussi été amenée à vivre avec des Setters Gordon. Aujourd’hui je possède Moon des Quasars, une fille de Ice Tea. Elle n’a pas le mental de sa mère mais c’est une chienne redoutable à la chasse avec de grandes qualités de nez. A la maison, elle est très attachante, avec un grand cœur mais parfois un peu « grosse brute » dans son comportement. Dans mon parcours cynophile, j’ai aussi eu l’occasion de croiser toutes les races de chiens d’arrêt.
Il y a 22 ans, j’avais offert à mon mari le premier pointer de la maison. C’était un fils de Clastidium Milton, correct sur le plan morphologique, avec d’excellentes allures sur le terrain mais qui a eu un peu de mal à trouver sa place entre la grande quête et la quête de chasse. A la maison, Il était très doux en particulier avec notre fille mais parfois un peu susceptible.
Après sa disparition nous sommes restés plusieurs années avec seulement des épagneuls français et des Gordon. Et puis, je suis devenue juge de conformité au standard pour tout le 7ème groupe, j’ai continué à voir travailler des chiens et après avoir eu le plaisir de juger plusieurs Nationales d’élevage du Pointer Club, l’envie de reprendre un pointer a été trop forte.
Je trouve que dans cette race, on peut conjuguer le beau et le bon sans avoir à sacrifier l’un pour l’autre. Je voulais un beau chien qui me fasse plaisir sur le terrain et j’ai eu la chance que Gilles Scarsi me confie Pointer des Landes du Pech. Comme il est arrivé dans ma vie au moment où j’ai perdu ma dernière épagneul français, j’ai beaucoup reporté sur lui, en temps et en affection et il me le rend bien.
Et si vous deviez choisir une autre race (ou plusieurs), laquelle serait-elle ?
J’aime tous les chiens du 7ème groupe mais la classe du pointer est incomparable. Une construction d’athlète où rien n’est caché, un regard qui peut être doux mais aussi hautain quand il vous toise, le calme à la maison (j’ai élevé beaucoup de Gordon, ça n’a rien à voir), et l’énergie qui s’exprime dès qu’on le sort sur le terrain.
J’ai la chance d’avoir un chien très proche de moi, il n’est pas parfait et je le regarde d’ailleurs sans complaisance mais je répète souvent qu’il a changé ma vie et c’est vrai. Mes amis disent que le pointer me va bien, j’ai envie de les croire.
Quel est votre plus beau souvenir avec vos chiens ?
Il y a beaucoup de bons souvenirs. Un des plus récents, c’est le Derby du Pointer Club au printemps 2021 où je me suis fait plaisir en présentant moi-même mon chien qui a obtenu un excellent.
Et le plus mauvais ?
Les seuls vrais mauvais souvenirs avec mes chiens, c’est lorsqu’ils nous quittent. A chaque fois on tourne une page de notre vie et je trouve que plus on vieillit, plus c‘est difficile.
Comment s’est déroulé leur dressage ?
Nos setters Gordon ont été dressés par Gilles Mazerolle depuis qu’il s’est installé comme dresseur professionnel. Il a obtenu des résultats exceptionnels avec Ice Tea des Quasars. Il a dressé et présenté ma chienne Moon qui est Championne de Gibier Tiré. Je n’avais donc aucune raison de ne pas lui confier Pointer car la confiance existe entre nous. Et le choix a été bon, ils s’entendent bien et les résultats ont été au rendez-vous pour sa première année de concours.
En 2021, à l’Echelle des valeurs du PCF Pointer termine en effet premier en Solo Automne et premier en Solo Gibier Naturel. Un joli doublé pour le duo, qui récompense aussi le travail de sélection de Gilles Scarsi le producteur.
Quelle alimentation avez-vous choisi pour votre (vos) chien (s) ?
Mes chiens sont nourris avec des croquettes. Aujourd’hui l’offre est large et permet de s’adapter aux différentes phases de leur vie ce que je trouve très pratique.
Quelle est la qualité que vous appréciez le plus chez un chien de chasse ?
L’intelligence et la passion. Sincèrement je pense que c’est ce qui fait la différence entre les chiens.
Quels conseils donneriez-vous à un débutant ?
Aller au bout de ses envies mais savoir écouter les avis des « anciens ». Il y a toujours à apprendre auprès des éleveurs, des dresseurs et des juges qui ont une longue expérience. Je lui dirais aussi d’essayer de rester objectif sur ses chiens.
Quel rêve, lié au chien et à la chasse, aimeriez-vous réaliser ?
Retrouver le regard de mon Pointer dans sa descendance. Et posséder d’autres sujets qui me feront vibrer. J’aimerais aussi découvrir les concours à l’étranger pour me faire ma propre opinion.
Votre avis sur l’organisation de la cynophilie en France ?
Il y aurait beaucoup à dire … Le chien de chasse n’est pas aujourd’hui dans une position facile car la remise en cause de la chasse va forcément impacter nos races de chiens d’arrêt. Il faudrait que les personnes qui ont des responsabilités dans le 7ème groupe à différents niveaux travaillent ensemble et en bonne intelligence pour anticiper les changements à venir.
Les concours de travail vont devoir évoluer mais cela devrait également être porté par l’ensemble des acteurs dans une démarche collective. Pour moi, le chien d’arrêt, c’est un loisir et un plaisir. J’ai fait de belles rencontres depuis toutes ces années et c’est le plus important.
Cependant la cynophilie est un univers qui peut être difficile, il faut savoir accepter la critique, mais parfois il arrive que la passion soit dépassée par les intérêts personnels, la jalousie, des amitiés qui ne résistent pas, voire des règlements de compte. Il faut alors savoir prendre du recul car cela peut faire mal. Dans ces moments-là, le remède, ce sont mes chiens.